RUPTURE DE LA COIFFE DES ROTATEURS

Qu’est-ce que la coiffe des rotateurs ?
Cette partie de l’épaule est constituée de cinq tendons : le susépineux, le sous-épineux, le sous-scapulaire, le long biceps et le petit rond. Ensemble, ces tendons forment une nappe continue recouvrant la tête de l’humérus (os du bras) comme « une coiffe ».
La douleur trouve son origine dans les tendons eux-mêmes lorsqu’ils sont coincés entre la tête humérale et l'os de l'épaulette appelé acromion. L’inflammation et le gonflement de l’articulation et/ou de la bourse sous-acromiale sont les autres causes concomitantes de douleur.
Les patients se plaignent de douleurs pendant les activités de la vie quotidienne, durant les efforts ou lorsqu'ils essayent de soulever des objets lourds, mais souvent également la nuit au repos.
Quels sont les facteurs qui provoquent une telle rupture ?
Les ruptures des tendons de la coiffe sont assez rares avant 40 ans. Avec l'âge et les gestes répétés avec les coudes décollés du corps, on peut assister à une dégénérescence des tendons (tendinopathie) et rapidement une fissuration voire une rupture.
Par exemple, tailler une haie, nettoyer les vitres, jouer au tennis, repeindre un plafond, tapisser une pièce, soulever des haltères dans une salle de gymnastique…
De la même manière, tous les traumatismes de l’épaule tels qu’une chute, pourront provoquer une rupture d’autant plus grande et plus facile que le sujet est plus âgé.
Ces tendons doivent donc être ménagés voire protégés après 40 ans.
En quoi consiste le traitement ?
Il commence par la mise au repos complète de l’épaule : une précaution essentielle comme pour toute souffrance tendineuse. Il faut éviter tous les travaux prolongés ou répétés avec le bras (surtout lorsque le coude est décollé du corps).
C’est à cette seule condition que les antalgiques et les anti-inflammatoires seront efficaces.
Dans les formes les plus sévères, une infiltration de corticoïde a souvent un effet « miraculeux » mais elle ne doit pas être répétée trop souvent sous peine d’affaiblir un peu plus les tendons. Reste que le traitement médical ne peut « guérir » une lésion installée. Il permet de calmer les douleurs « chimiquement » pour que les patients retrouvent le sommeil, s’adaptent et changent leurs habitudes de vie en évitant les gestes à risques.
Dans quels cas peut-on envisager une intervention chirurgicale ?
Les sujets jeunes autour de 50 ans ou moins ont très peu de chances de s’adapter et vivre en évitant définitivement tous les mouvements prolongés ou répétés, coudes décollés du corps. L’indication opératoire rapide est alors logique et souhaitable. L’opération sera précédée d’une IRM ou d’un arthroscanner pour vérifier si la réparation est possible et susceptible d’apporter un bon résultat. Chez les sujets de 60 ans ou plus, le traitement conservateur (repos, adaptation des gestes de la vie courante, antalgiques, anti-inflammatoires, infiltrations) est très souvent efficace : l’indication opératoire n’est alors discutée qu’en cas d’échec du traitement médical pendant plusieurs mois.
En quoi consiste l’opération ?
L’intervention est menée sous arthroscopie et sous anesthésie locorégionale doublée dans la plupart des cas d’une brève anesthésie générale. D’une durée de 1 à 2 heures, l’opération est maintenant parfaitement standardisée. Les tendons sont ré-attachés à l’os au moyen de petites ancres et de fils de suture non résorbables. Des gestes complémentaires de nettoyage articulaire ou de résection de becs osseux situés juste au dessus du tendon sont réalisés dans le même temps.
Que se passe-t-il après l’intervention ?
Le bras est positionné dans une attelle pour une période de 30 à 60 jours pour permettre la cicatrisation des tendons. Tous les gestes de la vie quotidienne sont proscrits pendant cette période. D’où la nécessité de se faire aider par un proche. Par ailleurs, la rééducation est fondamentale pour éviter une raideur de l’articulation appelée capsulite ou algodystrophie par les médecins. La rééducation dure de 3 à 6 mois, temps nécessaire pour une cicatrisation tendineuse correcte. Les gestes quotidiens sans effort (manger, boire, conduire, tendre la main…) peuvent être repris au bout de 2 mois. Les efforts de soulèvement, le bricolage, les travaux bras en l’air… ne sont autorisés qu’après 6 mois.
A savoir
Pratiquée avec un kinésithérapeute, la rééducation doit être très précise et suivre un protocole basé sur des mouvements passifs sans contraction musculaire excessive pour éviter un lâchage de la réparation. Des séances en piscine chaude (34°) sont recommandées car elles permettent le relâchement de tous les muscles en évitant tout effort (principe d’Archimède).
Retrouve-ton l’usage normal de son épaule après l’opération ?
Le patient voit disparaître ses douleurs et récupère des mouvements normaux. Seule la récupération de la force n’est pas garantie car elle dépend de l’âge bien sûr mais aussi de l’atrophie préexistante des muscles. Mais aux mêmes causes les mêmes effets : après une intervention, le patient doit éviter tous les travaux prolongés ou répétés avec les bras en l’air (et a fortiori avec des poids ou contre résistance) car la re-rupture est toujours possible. Le chirurgien « raccommode » les tendons qui gardent leur âge, il ne les remplace pas. Donc la prudence et une vie raisonnable en adéquation avec l’âge sont nécessaires après l’opération…
Adapté de la fiche d'information de la SOFCOT (Société Française de Chirurgie Orthopédique et Traumatologique)